Vague de départs au bureau de projet du tramway de Gatineau
Djeneba Dosso
Dans les cartons depuis 2011, le mégaprojet du tramway de Gatineau s’est heurté à de nombreux obstacles ─ principalement d’ordre financier ─ depuis qu’il a été présenté pour la première fois. Vers la mi-juin, le directeur du bureau de projet a remis sa démission, portant à quatre le nombre de personnes ayant quitté leur poste depuis le début de l’année 2023. L’équipe de 18 personnes, réduite à 14 en seulement six mois, reste optimiste quant à l’avenir du projet alors que la portion fédérale du financement se fait toujours attendre.
Les détails d’un tracé de 26 kilomètres reliant la partie ouest de Gatineau au centre-ville d’Ottawa avaient été dévoilés en grande pompe par la Ville de Gatineau en 2018. La mise en service de ce réseau est prévue en 2028. Le projet, dont le coût total est évalué à 2,1 milliards de dollars, a été divisé en quatre phases. La première, qui consistait en des études détaillées des différents scénarios, devait se dérouler de 2011 à 2021, mais s’est prolongée jusqu’en 2023 en raison d’un manque de financement pour mener les études. Ensuite, la phase de planification devait commencer en 2022 et se poursuivre jusqu’en 2025. La troisième phase, celle de préparation, était prévue en 2026-2027, suivie de la phase de réalisation, de 2028 à 2032.
Au début de l’année, le projet du tramway de Gatineau semblait pourtant sur la bonne voie. En février, le NPD a uni sa voix à celle des élus gatinois pour exhorter le gouvernement libéral à débloquer les fonds nécessaires à la réalisation du projet. Un mois plus tard, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, annonçait un financement des gouvernements provincial et fédéral.
En date de juin 2023, la STO est toujours dans l’attente d’une confirmation concernant l’octroi des quelque 175 millions de dollars nécessaires pour réaliser les dernières études d’avant-projet du tramway, alors que le budget de fonctionnement initial de 16 millions de dollars est épuisé depuis novembre 2022.
« C’est formidable d’avoir une vision à long terme », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. « Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant? »
Un sentiment partagé par le président du conseil d’administration de la STO, Jocelyn Blondin, qui avait d’ailleurs indiqué que tout retard dans l’annonce de financement entraînerait des coûts supplémentaires. M. Blondin affirme que les quatre départs « font mal » au sein du bureau de projet, mais il assure pourtant toujours croire au projet de tramway Gatineau-Ottawa.
Changeant de ton pour la première fois depuis 2021, Mme Bélisle a exprimé la semaine dernière son mécontentement à l’égard de la façon dont le projet est géré, suivant la publication dans les médias d’une lettre du conseil d’administration de la STO. Dans la lettre, on reproche à France Bélisle et à son cabinet d’avoir outrepassé la gouvernance de la STO à plus d’une reprise. En conférence de presse le 16 juin, la mairesse a rejeté du revers de la main ces accusations et dit vouloir mener à bien le dossier le plus mal ficelé qu’elle ait jamais vu.
« Si on veut m’accuser d’aller chercher 175 millions de dollars pour ma ville, pour alléger le trafic et augmenter la fluidité du transport, alors j’accepte d’être accusée d’aller chercher 175 millions pour ma ville », a-t-elle martelé.
Alors que le projet du tramway de Gatineau fait du surplace depuis 18 mois, le gouvernement fédéral n’a toujours pas précisé quand les 175 millions de dollars attendus allaient être versés.