Malgré l’opposition du bloc Action Gatineau au conseil municipal, l’augmentation des tarifs des camps de jour publics est inévitable pour l’année 2023
Sonia Roy
La semaine de l’étude du budget 2023 de la Ville de Gatineau, qui a eu lieu au début du mois de novembre, fut l’occasion pour les instances de la Ville de partager les données les plus récentes en matière de services municipaux avec les citoyens et les conseillers des districts. Une des présentations du Service des loisirs, des sports et du développement des communautés concernait la tarification des camps de jour publics, plus précisément son augmentation et l’intention de la Ville de Gatineau d’atteindre une éventuelle séparation des frais 50 % / 50 % avec les citoyens résidents (100 % des frais assumés par les citoyens non-résidents). C’est que depuis 2016, les frais pour une place en camp de jour public n’ont jamais augmenté. Ce n’est qu’en 2022 que la somme requise de 45 $ pour les services de base en camp de jour public à Gatineau est passée à 46 $.
Deux scénarios possibles ont été proposés aux conseillers municipaux lors de cette présentation, soit l’atteinte d’un ratio 50 % / 50 % d’ici 2023 pour le premier, et d’ici 2026 pour le deuxième. En termes de frais à débourser par les citoyens, la hausse n’est pas minime pour le premier scénario : les frais pour une place en camp de jour (service de base) passeraient ainsi de 46 $ par semaine en 2022 à 100 $ par semaine en 2023. Les frais de service de garde ne sont pas épargnés par cette augmentation : il en coûterait 115 $ par semaine en 2023 pour en bénéficier, contre 56 $ par semaine en 2022. Une augmentation de 5 $ par an serait appliquée jusqu’en 2026. Le deuxième scénario propose une augmentation plus graduelle, afin d’atteindre le fameux 50 % / 50 % convoité par la Ville d’ici 2026 : les frais par semaine pour une place en camp de jour (sans service de garde) atteindraient 60 $ en 2023, 75 $ en 2024, 95 $ en 2025 et 115 $ en 2026.
Les réactions n’ont pas tardé à fuser lors de cette journée d’étude du budget : certains conseillers ont d'emblée commenté plusieurs aspects des modifications de tarif proposées : le ratio 50 % / 50 % et son origine ont été questionnés, en plus du bond tarifaire important planifié, un mandat que l’ancienne administration avait confié au Service des loisirs, des sports et du développement des communautés. Un amendement fut proposé par la conseillère Tiffany-Lee Norris Parent, qui aurait souhaité voir l’augmentation des frais de camps de jours limitée, au même titre que la hausse plus générale de 2.9 % des autres services de la Ville, et ce d’ici la révision des programmes d’accessibilité prévue prochainement : « L’indexation, ou un petit rattrapage, pourrait être quand même [discutable] mais là, on parle carrément de changer la fonction sociale de notre service de camp de jour et je ne suis pas d’accord avec ça. D’autant plus qu’on dit qu’on va revenir en cours d’année avec une analyse de nos programmes d’accessibilité, je me demande si on ne pourrait pas au moins attendre ça pour [...] avoir un portrait plus complet. ».
Caroline Murray, Isabelle N. Miron, Bettyna Bélizaire, Alicia Lacasse-Brunet et Louis Sabourin ont abondé dans le même sens : « On double, en quatre ans, les [frais des] services. [...] Je ne connais aucun service qui double en plus de quatre ans. », a mentionné Louis Sabourin. En lien avec l’argument comparatif que les camps de jour privés ont une tarification beaucoup plus élevée que la tarification des camps de jour publics, Louis Sabourin ajoute : « Si je compare le service de la santé au public et au privé, c’est comme si on donnait l’argument qu’à partir de demain, on va mettre une tarification à l'hôpital parce qu’au privé ça coûte plus cher. ».
En plus de la mairesse France Bélisle, les conseillers Olive Kamanyana, Mario Aubé, Jean Lessard et Denis Girouard se sont plutôt positionnés contre l'amendement, soulignant la qualité des services offerts en camps, la tarification des autres villes du Québec, la tarification des camps privés et le gel des tarifs des camps de jour publics de Gatineau depuis 2016. L'amendement a été rejeté, avec 8 votes en faveur et 12 votes en défaveur. La recommandation d’augmenter les tarifs liés aux camps de jour pour les résidents et non-résidents tel que proposé au scénario numéro 2 a finalement été adoptée lors de la révision des recommandations du 10 novembre 2022 - pour l’année 2023 seulement. Un amendement proposé par Steven Boivin, qui demande la compilation des données post-augmentation lors de l’étude du budget 2024 afin de déterminer l’augmentation appropriée pour 2024, 2025 et 2026, a aussi été adopté.
Légende photo : Le conseil municipal à la séance du 10 novembre 2022
Crédit photo : Gracieuseté de la Ville de Gatineau