La hausse éventuelle des taux d’intérêt fait grimper l’anxiété financière des Québécois
Tashi Farmilo
Le plus récent Indice des dettes à la consommation – un sondage réalisé par Ipsos pour le compte de MNP et mis à jour chaque trimestre – révèle que les Québécois sont de plus en plus inquiets quant à leur capacité de rembourser leurs dettes alors qu’ils sont confrontés à la perspective d’une hausse des taux d’intérêt.
En effet, plus du tiers des Québécois estiment que leur capacité à absorber une augmentation de 130 $ des paiements d’intérêts sur leurs dettes (+11 points) s’est détériorée, soit une hausse de 34 % par rapport au trimestre précédent. De même, les répondants jugent dans une proportion beaucoup plus élevée (26 %, +7 points) que leur capacité de faire face à une nouvelle hausse des taux d’intérêt de 1 % a empiré.
Face à l’explosion des taux d’intérêt, qui sont passés de près de 0 % à des sommets inégalés en 20 ans, les inquiétudes des Québécois s'intensifient. L'anxiété est particulièrement prononcée à l’approche de l'annonce de la Banque du Canada concernant le taux directeur.
« De nombreux ménages ont atteint les limites de leurs ressources financières. Nous constatons qu’ils craignent de plus en plus d’éventuelles hausses des taux d’intérêt susceptibles de faire grimper encore plus les coûts d’emprunt et le coût de la vie », affirme Frédéric Lachance, syndic autorisé en insolvabilité de MNP Ltée. « La cause de ce pessimisme des Québécois est évidente : il est de plus en plus difficile de joindre les deux bouts ».
En outre, davantage de Québécois sont d’avis que leur situation d’endettement actuelle s’est dégradée comparativement à il y a un an (16 %, +3 points) et cinq ans (22 %, +6 points). Ils sont également plus nombreux à croire que leur situation ira de mal en pis au cours de la prochaine année (18 %, +5 points) et dans un horizon de cinq ans (17 %, +5 points).
Jusqu’à présent, la solidité du marché de l’emploi a atténué la pression financière « dans une certaine mesure », estime M. Lachance. En revanche, celui-ci prévient que les taux d’intérêt élevés devraient ralentir l’économie, ce qui aura inévitablement des répercussions négatives, comme une hausse du taux de chômage. Les inquiétudes des Québécois à l’égard du chômage ont augmenté au présent trimestre alors qu’ils sont plus nombreux à craindre qu’un membre de leur ménage perde son emploi (42 %, +3 points).
M. Lachance effectue une mise en garde à l’égard du danger pour un ménage de dépendre du crédit afin de répondre à ses besoins courants. « Au début, les ménages ont recours au crédit pour réussir à joindre les deux bouts, et ont l’intention de tout rembourser dès que leur situation s’améliorera », explique-t-il. « Mais, les factures s’accumulent, et ils s’enfoncent tranquillement dans le crédit. À un certain point, ils ne versent que le paiement minimum. Puis, ils manquent un paiement à l’occasion. Ils se retrouvent alors dans la spirale des taux d’intérêt élevés ».
Pour remédier à cette situation, M. Lachance insiste sur l'importance de prendre des mesures proactives. Il recommande à ceux qui ne prévoient pas être en mesure d’effectuer leurs paiements de communiquer d’abord avec leur prêteur afin d’établir une entente de remboursement, puis de faire appel à un syndic autorisé en insolvabilité en vue d’obtenir des conseils en toute impartialité sur diverses solutions à l’endettement.
Légende photo : Les Québécois sont de plus en plus préoccupés quant à leur capacité de rembourser leurs dettes dans l’éventualité d’autres hausses des taux d'intérêt. (TF) Crédit photo : Tashi Farmilo
Trad. : MET