Gatineau s’attaquera aux fourmis rouges dès l’été prochain
Taylor Clark
Les résidents aux prises avec des infestations de fourmis rouges devraient être en mesure de profiter pleinement de la prochaine saison estivale alors que la Ville de Gatineau prévoit d’entreprendre des travaux visant à éradiquer les colonies de ces insectes dès l’été 2025.
« C’est une chose de comprendre la situation et d’avoir de la compassion pour les gens. C’en est une autre de vivre cela au quotidien », a partagé Marie-Claude Giasson, résidente de la rue d’Andromède, dans le district du Plateau, lors de la séance de la Commission de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques, le 27 juin dernier.
Mme Giasson dit avoir signalé pour la première fois à la Ville la présence de fourmis rouges sur sa propriété en 2020, mais que rien n’a été fait. Sa famille n’a pu profiter de la cour arrière depuis ce temps depuis en raison des nuisances engendrées par les insectes.
« Nous sommes infestés parce que notre propriété est adjacente à un terrain municipal boisé, d’où proviennent les colonies de fourmis. C’est ce terrain boisé qui nous a incités à acheter la propriété. Mais nous ne savions pas que nous serions envahis par des colonies de fourmis », a-t-elle déclaré.
La fourmi de feu européenne (de son nom latin Myrmica rubra), aussi appelée fourmi rouge, est une espèce de fourmi invasive apparue en Amérique du Nord au début du 20e siècle et qui est de plus en plus présente au Québec. Il s’agit d’une espèce polygyne (plusieurs reines par colonie) et polydome (plusieurs nids souterrains interreliés). Munies d’un dard, les fourmis rouges sont connues pour leur agressivité et elles n’hésitent pas à s’attaquer aux humains et aux animaux de compagnie.
Cette fourmi peut piquer plusieurs fois de suite, sa piqûre provoquant des sensations de brûlure, des démangeaisons et, dans de rares cas, une réaction anaphylactique nécessitant une prise en charge médicale d’urgence.
Malgré la possibilité d'une réaction allergique grave et potentiellement mortelle en cas de piqûre, la fourmi de feu européenne ne figure pas sur la liste d'espèces envahissantes de la Direction de la santé publique. Elle ne figure pas non plus sur aucune liste officielle d'espèces envahissantes, que ce soit au niveau provincial ou fédéral.
Mme Giasson a dit avoir dépensé beaucoup d’argent pour des services d’exterminateur au cours des premières années, mais qu’elle a abandonné la lutte après avoir constaté que ses efforts étaient futiles. Les essaims de fourmis revenaient continuellement, s’infiltrant sur sa propriété à partir du terrain boisé situé de l’autre côté de sa clôture.
« Je souhaite que la Ville prenne les mesures nécessaires pour nous permettre, à mes voisins et à moi, de profiter à nouveau de nos cours arrière et de nos jardins pendant la saison estivale ».
C’est en 2010 que la fourmi de feu européenne a été repérée pour la première fois à Gatineau, plus précisément au parc Claude-Rioux dans le secteur d’Aylmer. Les signalements ont repris en 2020 lorsque des résidents des rues d'Andromède et du Prado ont rapporté sa présence sur leur propriété.
Des experts externes ont été recrutés pour réaliser une cartographie détaillée de la problématique et établir un plan d'intervention, mais ce dernier n'a jamais été déployé en raison de contraintes opérationnelles. Désireuse de poursuivre sur sa lancée, la Ville de Gatineau a mandaté des entomologistes de l'Université de Montréal en 2023 pour dresser le portrait de l’infestation au parc d’Andromède et dans le quartier environnant. Les résultats de l’étude entomologique et les solutions possibles pour éliminer les colonies de fourmis rouges établies sur les terrains de résidents ont été présentés à la Commission de l'environnement et de la lutte aux changements climatiques lors de la séance du 27 juin.
Les entomologistes ont découvert 78 colonies dont la population est estimée entre 90 000 et 300 000 insectes. Si ces fourmis prospèrent dans des environnements ombragés et humides, les entomologistes ont découvert, après plusieurs expériences, qu’elles se trouvaient affaiblies à une température de 40 degrés, et qu’elles périssaient à 45 degrés.
Outre l'introduction de colonies concurrentes et un déboisement partiel en bordure des résidences affectées, un entomologiste ayant participé à l’étude a recommandé d'installer des toiles de plastique noir qui, une fois réchauffées à 40°C par le soleil, peuvent éliminer la majorité des fourmis d’une colonie.
Avec ce rapport en main, le Service de transition écologique élaborera un plan de travail pour éradiquer la fourmi de feu européenne, lequel devrait être soumis au conseil municipal à l’automne pour approbation et obtention des fonds nécessaires. Une campagne de sensibilisation à l’intention des citoyens devrait être lancée à l’hiver 2025 en prévision du début des travaux l’été prochain.
Trad. : MET