Densité urbaine et santé publique
Tashi Farmilo
Dans les régions métropolitaines les plus importantes de la province, les corrélations potentielles entre la densité urbaine et la santé de la population retiennent de plus en plus l’attention. L’évolution de la densité urbaine dans les grandes villes du Québec présente un scénario complexe, où l’accès aux commodités et le dynamisme des milieux densément peuplés sont mis en balance avec les risques pour la santé. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la gestion de l’étalement urbain est essentielle pour atténuer ses effets sur la santé.
L'étalement urbain se traduit généralement par des secteurs de plus faible densité résidentielle et une plus grande utilisation de la voiture. Cette tendance à délaisser les quartiers densément peuplés qui favorisent les déplacements à pied peut diminuer le niveau d’activité physique et accroître la pollution de l’air – des facteurs directement liés à une incidence plus élevée de problèmes de santé. À l’inverse, les quartiers plus denses sont souvent plus propices à la marche et au vélo en raison de leur proximité avec les commodités, ce qui a une incidence positive sur la santé, en supposant que ces commodités existent.
Toutefois, si elle peut favoriser les interactions sociales en raison de la proximité entre les logements, la densité suscite également certaines craintes dans la population en raison de son impact potentiel sur d’autres éléments de l’environnement, comme le bruit, mais aussi à cause de l’atteinte à l’intimité que la proximité entre les logements peut occasionner. Le défi est donc de créer des milieux avec un niveau suffisant de densité et de commodités pour promouvoir la marche et les interactions sociales, tout en mitigeant l’exposition à des nuisances souvent associées aux milieux denses, comme peuvent l’être le bruit environnemental et une faible qualité de l’air.
Les préoccupations environnementales sont plus prononcées dans les milieux densément peuplés. La concentration de véhicules et d'activités industrielles peut considérablement détériorer la qualité de l'air et avoir une incidence sur les maladies respiratoires et cardiovasculaires. La pollution sonore est également un problème important puisque celle-ci perturbe le sommeil et mine la qualité de vie en général.
L'INSPQ préconise une approche équilibrée de l’urbanisme qui met en valeur les avantages d’un secteur à haute densité tout en tenant compte de ses inconvénients. Il recommande d'accroître les espaces verts dans les milieux urbains afin d'atténuer certains aspects négatifs de la forte densité, tels que la pollution et l'effet d'îlot de chaleur, tout en offrant aux citoyens les espaces récréatifs nécessaires. En outre, la promotion d'un développement à usage mixte peut diminuer la nécessité de longs trajets maison-boulot, réduisant ainsi les embouteillages et la pollution. L'amélioration des systèmes de transport en commun peut également contribuer à réduire la dépendance à la voiture, ce qui peut réduire davantage le trafic routier et la pollution, et favoriser un environnement urbain plus sain.
Alors que Gatineau et d’autres villes métropolitaines se développent à un rythme fulgurant, les décisions prises aujourd'hui en matière d'urbanisme auront une incidence considérable sur la santé et le bien-être de leurs citoyens pour les générations à venir. D’où l’importance d’une approche proactive de la planification urbaine visant à créer un avenir durable et axé sur la santé pour tous les citadins.
Légende photo : Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la gestion de l’étalement urbain est essentielle pour atténuer ses effets sur la santé.
Crédit photo : Tashi Farmilo
Trad. : MET