Coup de théâtre dans le dossier des Serres urbaines Notre-Dame : le projet du complexe aquaponique bloqué par un référendum
Sonia Roy
C’est lors d’un scrutin référendaire le 10 avril dernier que des résident.e.s du district du Lac-Beauchamp ont voté contre le changement de zonage nécessaire pour permettre au terrain visé d’accueillir le projet de complexe aquaponique.
Lors d’une journée portes ouvertes la veille du référendum, les Serres urbaines Notre-Dame (SUN) ont fait découvrir leur projet de complexe aquaponique aux résident.e.s du quartier en présentant des appuis visuels du futur site, une maquette reconstituant le processus aquaponique ainsi que, surprise sucrée, de la tire sur glace. Ces activités se sont déroulées sur le site industriel (stationnement désaffecté) appartenant anciennement à l’usine Produits forestiers Résolu, qui fut cédé aux SUN en vue de la construction du complexe aquaponique.
Malgré tous les efforts déployés par les SUN, le résultat du référendum, qui s’est tenu au centre communautaire local (Comité de vie de quartier du Vieux-Gatineau), rue Jean-René-Monette, vient nettement miner l’ardeur et l’humeur d’une équipe qui planche sur ce projet depuis plus de quatre ans. Sur les 103 personnes habiles à voter, 35 d’entre elles se sont prononcées en défaveur du projet. Au total, ce sont 65 personnes qui se sont présentées aux urnes, soit un taux de participation de 63 %. Ce petit nombre de citoyen.ne.s s’avère être suffisant pour bloquer un projet dont la première phase, déjà réalisée, a coûté 1,9 million de dollars à la Ville. En effet, ces fonds ont servi à financer la remise à neuf du bâtiment du Marché Notre-Dame, accueillant le café-boutique qui servait, selon les SUN, à la vente de produits frais et locaux à l’année. Ce café-boutique, on le devine, aurait certainement agi comme distributeur pour le complexe aquaponique. Rappelons qu’en plus de créer 30 emplois, le complexe aquaponique aurait permis d’approvisionner la région de l’Outaouais en grandes quantités de poissons et végétaux, soit respectivement 20 tonnes et 60 tonnes par année. Ce projet innovateur aurait été le premier en son genre au Québec.
La Coopérative de développement régional (CDR) Outaouais-Laurentides a exprimé sa consternation à l’égard du résultat du référendum. Le secteur de consultation était tellement restreint que seuls les résidents de deux rues étaient habiles à voter. « La Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités présente des failles importantes auxquelles la Ville de Gatineau n'avait jamais été confrontée », a mentionné Patrick Duguay, directeur général de la CDR Outaouais-Laurentides. « Il est révoltant de constater qu'une loi mal adaptée à ce type de situation laisse l'avenir d'un quartier de plus de 10 000 résidents entre les mains d'une centaine d'entre eux. Nous nous désolons que 35 citoyens préfèrent le statu quo de la dévitalisation et un stationnement désaffecté », a-t-il conclu.
Sur les réseaux sociaux, les avis penchaient nettement en faveur du complexe aquaponique. Un grand nombre d’internautes ont dit ne pas comprendre le résultat du référendum. « Quelle déception... quelle frustration de voir le "pas dans ma cour" avoir autant de pouvoir sur un projet collectif si porteur pour une communauté », a mentionné un internaute. « Tout le travail accompli pour arriver à ce résultat. C'est tellement navrant. Ça aurait été un projet extraordinaire pour le quartier et pour la collectivité », a dit un autre.
Lyne Bouchard, présidente des SUN, a formulé ces commentaires par vidéo, sur la page Facebook des SUN : « 10 ans de travail d’une équipe fidèle et de ses collaborateurs viennent d’être jetés à la poubelle par 35 personnes.[...]Un des projets les plus verts du Québec en sécurité alimentaire a été rejeté par 35 personnes. C’est une très grande déception ». Selon les informations partagées par Mme Bouchard, ce refus de considérer le projet repose sur un petit nombre de citoyen.ne.s qui refusent toute discussion quant au terrain visé par les SUN. C’est avec une émotion visible que cette dernière conclut, après avoir chaudement remercié les nombreux collaborateurs et acteurs de ce dossier : « [...]je souhaite bonne chance au quartier afin de retrouver un projet aussi mobilisateur et porteur que celui-ci. Je souhaite aux résidents de rester soudés, car ce secteur a définitivement besoin d’amour ».
Légende photo : Le terrain visé par la modification de zonage au 20, rue Main
Crédit photo : Sonia Roy
Coucou Marie-Ève! Je dois faire quelques modifications au texte aujourd'hui avec de nouvelles infos, je vais mettre un commentaire dans le document google dès que j'ai terminé :) Merci!
Modifications terminées