Conflit de travail chez Vidéotron : un combat pour la sécurité d'emploi
Tashi Farmilo
Vidéotron, longtemps admirée pour son engagement envers sa clientèle et ses solutions technologiques innovantes dans le domaine des télécommunications, est actuellement aux prises avec un conflit de travail qui soulève des questions sur la façon dont elle traite ses employés. Le titre d’entreprise de télécommunications la plus admirée des Québécois, décerné à Vidéotron pour une 18e année, contraste grandement avec la mise en lock-out de ses travailleurs de Gatineau, qui perdure depuis le 30 octobre 2023.
Nick Mingione, président du syndicat des employés de Vidéotron, a partagé son point de vue sur le conflit en cours. « C'est une question de principe », a-t-il dit. « L’employeur veut que nous cédions à toutes ses demandes, même si nous avons répondu à 90 % de ses besoins ».
Les questions non résolues concernent principalement les procédures de traitement des griefs et l'autonomie du syndicat. « Nous parlons des procédures de règlement des griefs et de l'autonomie du syndicat, qui doit être en mesure de s'organiser pour pouvoir défendre et faire entendre la voix de ses membres », a expliqué M. Mingione.
M. Mingione a insisté sur le lourd fardeau à porter pour les employés. « Après huit mois, ce n'est pas seulement difficile financièrement, c'est aussi difficile psychologiquement. On sent le temps passer, on sent la pression monter », a-t-il fait remarquer. Malgré cela, le syndicat est plus déterminé que jamais à poursuivre son combat. « Il y a moins d'un mois, nous avons tenu une assemblée spéciale et sondé les membres quant à la voie à privilégier. Près de 91 % d’entre eux ont voté pour se doter d’un droit de grève et se protéger contre des tactiques de négociation abusives. Il s’agissait là d’un message clair de solidarité et de soutien envers le syndicat, et l’expression d’un engagement ferme à ne pas céder ni fléchir sous la pression d’un employeur qui continue d’ignorer les sacrifices et la loyauté de ses employés.
Nick Garneau, représentant syndical, a décrit précédemment l'impact profond du lock-out sur les travailleurs et leurs familles. « C'est difficile pour les proches », explique M. Garneau. « Privé de revenus réguliers, il devient beaucoup moins évident de joindre les deux bouts. Un grand nombre de ces travailleurs ont dû se tourner vers les banques alimentaires et d'autres organismes semblables, privés de travail depuis que le lock-out a été déclenché.
Le conflit de travail met en lumière un problème plus profond, soit l’équilibre entre les intérêts commerciaux et le bien-être des employés. Vidéotron demande l’accès à davantage de sous-traitance, puisqu’elle compte actuellement plus de 350 postes vacants dans ses centres d’appels, malgré des conditions de travail qu’elle décrit comme très avantageuses.
Or, pour les 214 travailleurs en lock-out à Gatineau, le conflit ne se limite pas à pourvoir des postes. Il en va de la sécurité d’emploi, tout comme de la dignité et du respect des droits fondamentaux de chaque travailleur. Alors que Vidéotron continue de récolter les honneurs et de célébrer ses succès, le coût humain de ces réalisations demeure un enjeu pressant.