Annulation de 4 000 places en ressources intermédiaires au Québec
Tashi Farmilo
Lors d’un récent point de presse, Linda Caron, porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés et les proches aidants et en matière de soins à domicile, a tiré la sonnette d’alarme à propos des 4 000 places annulées en ressources intermédiaires (RI) au Québec. Elle attribue cette situation à la non-viabilité financière de l’entente 2020-2025 régissant ces ressources, exacerbée par une inflation imprévue depuis la pandémie. « L’inflation qui persiste depuis la fin de la pandémie n’était pas anticipée au moment de la signature de l’entente, mais elle frappe durement l’ensemble du secteur de la construction », a expliqué Mme Caron.
L’absence de soumissionnaires aux appels d'offres en RI publiées par les établissements de santé est le résultat direct de cette pression économique, en raison du manque de financement du réseau. Mme Caron s'est inquiétée des conséquences à court terme, soulignant que « dans l’immédiat, en raison d'un manque criant de places, certains CISSS/CIUSSS concluent des accords pour créer des places en dehors du cadre de l'entente ». Elle a prévenu que cela pourrait conduire à des soins de qualité inférieure pour les résidents de ces nouvelles ressources.
Pour les RI existantes, Mme Caron a fait état des défis posés par la hausse de leurs coûts d’opération depuis 2020. Elle s'est également inquiétée des répercussions à long terme, indiquant qu’il faut compter trois ans entre l'acceptation d'une soumission pour la construction d'une RI et l'arrivée du premier résident. L'absence de réponse aux récents appels d'offres signifie qu'il n'y aura pas de nouvelles places disponibles dans les RI à l'automne 2026, un scénario appelé à se répéter étant donné la demande croissante des besoins d'hébergement pour les personnes vulnérables.
En réponse à ces défis, Mme Caron a présenté l’approche du Parti libéral du Québec pour résoudre la question de la viabilité financière des ententes liées aux RI. Le parti propose de reconnaître la non-viabilité financière de l’entente 2020-2025 en raison de l’inflation et de s’asseoir avec l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ) pour analyser les ajustements possibles. « La situation est grave, car certaines RI risquent de prendre lentement, mais sûrement, le même chemin que les RPA [résidences privées pour aînés], c’est-à-dire le chemin de la fermeture », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité d’éviter cette issue pour les 19 000 personnes vulnérables qui dépendent de ces services.
Faisant référence à l’ensemble du système de santé, André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, a souligné la nécessité d’accroître la capacité du réseau à réduire les listes d’attente pour les consultations de spécialistes. Selon lui, les salles d’opération sont sous-utilisées en raison d’un manque de personnel, ce qui a une incidence sur l’accès aux spécialistes. M. Fortin a proposé un plan de « rattrapage majeur », comprenant un blitz d’examens diagnostiques et de chirurgies, particulièrement en cancérologie et en orthopédie.
Pour régler le problème de la main-d'œuvre, M. Fortin a suggéré de mettre fin aux heures supplémentaires obligatoires, d'assurer de meilleures conditions de travail aux infirmières, d'augmenter les inscriptions en soins infirmiers et en médecine, de tripler le nombre d'infirmières praticiennes spécialisées d'ici 2030 et d'accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers, entre autres mesures.
Mme Caron et M. Fortin ont tous deux réitéré qu'il était urgent de s'attaquer à la viabilité financière des ressources intermédiaires et que des réformes globales étaient nécessaires pour améliorer la capacité du système de soins de santé et réduire les délais d'attente pour les consultations de spécialistes et les interventions chirurgicales.
Légende photo : Les intervenants ont sonné l’alarme à propos des 4 000 places annulées en ressources intermédiaires au Québec.
Crédit photo : Tashi Farmilo